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L’Eurovision 2025: le bruit et la fureur

La participation d'Israël à l'édition 2025 a été très critiquée. On soupçonne carrément les votes d'avoir été truqués...


L’Eurovision 2025: le bruit et la fureur
La chanteuse Yuval Raphael représentant Israël avec la chanson « New Day Will Rise » à l'Eurovision le 18 mai 2025, à Bâle, en Suisse © MANDOGA MEDIA/DPA/SIPA

Much ado about nothing. (En v.o.) – Beaucoup de bruit pour rien (En v.f.)
Shakespeare.

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Andy Warhol.


Le fracas dans lequel se trouve engluée la population gazaouie n’est rien en comparaison de la dernière controverse entourant le dernier épisode de l’Eurovision.

Grâce aux révélations de deux éminents dignitaires de LFI, l’eurodéputée Rima Hassan et le député Aymeric Caron, on apprend, d’abord, qu’était inconvenante à elle seule la participation d’Israël à ce concours, qu’elle « perturbe ». Par ailleurs, plus sinistre, les résultats auraient été influencés vu qu’une société israélienne, Moroccanoil, en est un des grands commanditaires. Enfin, les votes auraient été carrément truqués.

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À première vue, on constate un recyclage des poncifs millénaires concernant le contrôle juif des institutions ; on se souviendra notamment du chef d’œuvre historique en la matière : le protocole des sages de Sion, concocté dans la Russie tsariste par d’indéniables érudits cependant puisqu’il s’agissait d’un plagiat du pamphlet satirique de 1864 visant Napoléon III Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly. Plus récemment, aux États-Unis, en 2018, la pimpante élue à la chambre des représentantes, Marjorie Taylor-Greene, attribua même des incendies de forêts en Californie à des lasers spatiaux juifs.

Deux poids, deux mesures ?

Quant à la participation d’Israël à cette fête musicale, vu l’exclusion de la Sainte Russie, aux fins de l’argumentation, on admettra qu’il y a eu 2 poids 2 mesures, encore que l’on peut se demander si cette mesure a pu servir à quoi que ce soit. L’histoire enseigne que les boycotts, même économiques, a fortiori sportifs ou artistiques, sont trop souvent illusoires et n’ont qu’une valeur symbolique vide (cf. l’Afrique du Sud de l’apartheid, la Rhodésie, l’Union soviétique et les jeux olympiques de 1980, etc.).

Mais quid de la question la plus angoissante, la plus existentielle, la plus civilisationnelle : celle de la sincérité des votes ?

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Vu les informations disponibles au grand public, il semble y avoir eu de préalables publicités bien ciblées au profit de la candidate israélienne. Doit-on parler de l’inobservation de l’esprit des règles ? Peut-être. Mais la lettre semble intacte. Et s’il s’agissait de donner à Israël une meilleure visibilité sur la scène internationale, on peut douter de l’efficacité de la tactique au regard de l’actualité. Quoiqu’il en soit, l’artiste israélienne a fini deuxième au palmarès et non pas première. À supposer même qu’il y a eu manipulations, il y a plus inquiétant sur le plan démocratique et du droit international humanitaire.

Une indignation contre-productive

On comprend mal la bruyante indignation cocardière de M. Caron et de Mme Hassan, qui sont tombés dans leur propre piège en assurant une notoriété accrue à la chanteuse honnie. Une faute typiquement franchouillarde.

Cependant, cette cocasse polémique a eu ceci de positif que les parties opposées ont trouvé un terrain d’entente en donnant une importance encore plus grande à un spectacle de variété que l’on peut charitablement qualifier de kitsch (Les téléspectateurs hors Hexagone comprendront peut-être mieux l’adjectif « tacky » ; en bon Québécois, on dit « quétaine »), animation du patelin et indéboulonnable Stéphane Bern oblige ; cela dit sans nier la qualité de la prestation de la candidate française malheureuse, dont l’émouvante chanson est digne d’éloges.

Que Louane, Aymeric Caron et Rima Hassan, et leurs compatriotes, se rassurent : il y a une vie après l’Eurovision. Au moins pour eux.


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