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Déconstruction, le jour d’après

Le billet d'Ivan Rioufol


Déconstruction, le jour d’après
En marge d'un sommet sur les océans se tenant à Nice (06), le président de la République a réagi au drame de Nogent (52) sur France 2, le mardi 10 juin 2025 © Jacques Witt/SIPA

Concernant la montée de la violence dans la société française, les «élites» doivent rendre des comptes, estime notre chroniqueur Ivan Rioufol. Une minute de silence est organisée à midi dans les établissements scolaires suite au meurtre de la surveillante Mélanie, poignardée mardi à Nogent par un jeune.


Il n’y a rien à attendre du monde politique actuel. Ces « élites » doivent céder la place ou entamer leur mea-culpa, si elles ne veulent pas être chassées par la colère du peuple trahi. Les dirigeants, confrontés à une violence enragée au cœur de l’Ecole – une surveillante tuée à coups de couteau par un élève, mardi dans un collège de Nogent (Haute-Marne) -, se montrent incapables d’aller à la source d’un demi-siècle de duperies pédagogistes et égalitaristes, dénoncées vainement par les plus lucides des observateurs.

Révolution timide

La ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne, découvre la réalité lorsqu’elle déclare (RTL, 5 juin) : « Il faut prendre le temps de réfléchir pour proposer des solutions opérantes ». Depuis mardi, le président de la République et son gouvernement rivalisent en propositions marginales : interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans (Emmanuel Macron), des armes blanches élevées au rang d’ « ennemi public » (François Bayrou), des téléphones portables, des écrans, des jeux vidéo (Yaël Braun-Pivet).

A lire aussi, Céline Pina: Meurtre d’une surveillante de collège: le réel humilie le pouvoir

Or ce n’est pas seulement la timide « révolution pénale » (suppression du sursis, peines planchers, etc.) proposée par Gérald Darmanin qui répondra à l’effondrement du système. Une révolution est urgente, oui. Mais elle doit balayer les idées fausses qui ont abimé la société, à commencer par l’Education. Relire Platon (La République, III e siècle avant JC) : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là, en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie ». Ce même procès du jeunisme reste à refaire.

Une jeunesse sans repères sur les ruines du progressisme

Mais Macron est l’obstacle au bouleversement idéologique qui permettra peut-être de reconstruire, sur les ruines d’un progressisme prétendument éclairé dont le macronisme s’est voulu l’héritier. Après la nouvelle tragédie qui a coûté la vie à Mélanie, 31 ans, le chef de l’Etat s’est ému d’un « déferlement de violences insensées », en oubliant ses propos précédents voyant des propagandes autour des commentaires sur « l’invasion du pays et les derniers faits divers ». En fait, les diversions du chef de l’État, qui alarme à grand spectacle sur le réchauffement climatique ou l’état des océans, ne sont destinées qu’à occulter ses démissions sur les questions sécuritaires, reléguées au rang de sentiments populistes et d’extrême droite. Macron a choisi de se désintéresser des plaintes existentielles du peuple ordinaire pour préférer se mettre à l’écoute de la nouvelle « rue arabe » quand elle réclame la dévotion face au palestinisme et la criminalisation de l’Etat d’Israël. C’est cette trahison qu’incarne le chef de l’Etat lorsqu’il s’inquiète davantage du sort de la pro-Hamas Rima Hassan, qui refuse son extradition d’Israël, que du calvaire silencieux que subit Boualem Sansal, amoureux de la France, dans une prison algérienne. Cette haine anti-française, qui suinte des postures du chef de l’Etat, est insupportable.




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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