Ils n’osent plus écrire « islamophobe », mais c’est bien la petite musique qui monte : selon les journaux progressistes, la chaine info conservatrice aurait le tort de trop parler des musulmans.
Mon titre reprend le propos d’un fidèle de la mosquée Al-Hashimi à Saint-Ouen, rapporté dans un article du Monde consacré au « désarroi des musulmans lors de l’Aïd » : « Le climat est malsain, mais surtout à la télé… ». Au regard du contexte, on comprend bien que CNews est particulièrement visé. D’ailleurs un autre fidèle, Rachid, l’explicite : « Sur certaines chaînes, comme CNews, il n’y a aucune limite : nous sommes responsables de tout ».
Injustices
Je n’aurais pas eu envie d’écrire un billet sur ce thème, qui dépasse largement CNews, si dans le texte de ce quotidien n’avaient pas été enregistrées des opinions à la fois nuancées et critiques, en tout cas de nature à faire réfléchir tout citoyen de bonne foi.
Le sentiment diffus qu’éprouvent certains musulmans d’être en permanence ciblés ne peut pas être traité avec indifférence ou, pire, mépris même si on l’estime injuste tant à l’égard de CNews que de Bruno Retailleau, leur autre bête noire. On ne saurait tenir pour rien cette impression qui perçoit la chaine et le ministre, parfois, comme des ennemis de la religion musulmane quand ils ne s’attachent, par des analyses ou en action, qu’à ses dérives.
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Pour la chaîne, il est permis certes de considérer que les sujets concernant l’islam occupent au quotidien une place importante. Mais la télévision ne les invente pas. Elle ne s’en préoccupe que dans la mesure où ils mettent en lumière des problématiques concernant la France, le risque de communautarisme et la sécurité publique. Pour ma part, à chaque fois qu’on les abordait, j’ai toujours veillé – sans jamais être contredit – à les appréhender sur un mode qui ne prenait pas le particulier pour le général et les transgressions graves de quelques-uns pour une dangerosité globale.
Cette volonté de ne pas universaliser ces hostilités est capitale. C’est la seule attitude qui évite que des compatriotes musulmans se sentent injustement stigmatisés alors qu’ils échappent, dans leur quotidien et dans leur rapport au pays, aux dénonciations qui parfois oublient toute nuance et ne mesurent la portée de leur verbe maladroit, imprudent, qui peut enflammer.
Les attaques politiques ou médiatiques contre CNews sont non seulement erronées – il suffit d’écouter les débats pour le constater – mais liberticides car elles ne cessent d’incriminer, en les caricaturant, des échanges où l’outrance trouve sa contradiction et l’islam modéré, ses défenseurs.
Islam et islamisme, les musulmans et des musulmans…
J’entends bien l’argumentation développée par Éric Zemmour qui estime – il est constant sur ce point – que l’islam et l’islamisme sont identiques et que le premier n’est structurellement, politiquement, pas compatible avec la République.
J’espère ne pas me tromper et ne pas tomber dans la facilité de l’extrémisme intellectuel mais il me semble qu’en laissant la religion là où elle doit être – dans la sphère privée et familiale – et en étant impitoyable avec les grignotages subtils ou ostentatoires d’un islam dévoyé et conquérant, on pourra peut-être s’accorder avec mon point de vue. D’ailleurs a-t-on un autre choix que cette synthèse d’acceptation lucide et de répression sans faiblesse ?
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Est-il inconcevable de s’en tenir à des règles claires ? Par exemple l’obligation d’un comportement exemplaire, comme pour les fidèles des autres religions, l’interdiction de ce qui est au sens propre inhumain – se voiler, se cacher le visage – et le refus absolu de pratiques venant corroder notre démocratie pour la constituer en pré-charia.
Je sais qu’une vision pessimiste de l’islam en France peut soutenir que chaque acte musulman public ou dans des univers ouverts au public est inspiré par une idéologie d’emprise sur notre société à redresser à cause des « mécréants » qui la composent mais, à partir du moment où on met en œuvre une intransigeance pénale pour l’intolérable, ne peut-on consentir au moins à une incertitude pour le reste ?
Dans cet article du Monde, frappé par la qualité et la mesure des déclarations, notamment celle de Mme Bamba, mère de quatre enfants, je n’ai pas m’empêcher de ressentir comme un dégoût à l’égard de tous ceux, pas seulement à LFI, qui exploitent « cette chair à élections » que sont les musulmans, notamment dans les banlieues, en feignant de se pencher sur leur sort. Il est clair qu’ayant à choisir, je préfère le camp de ceux qui dénoncent ce que l’islamisme a de périlleux à la fois pour l’image de l’islam et pour notre pays, à celui des démagogues d’extrême gauche s’abandonnant à des hyperboles hypocrites au risque de valider et de favoriser le pire. C’est cet unique climat qui est malsain.